Le saviez-vous ? Léonard de Vinci écrivait sciemment ses textes de droite à gauche pour les tenir à l’abri des regards indiscrets. Leur décodage nécessitait le recours à un miroir pour les lire. Sans être un phénomène récent, l’écriture en miroir est toutefois de plus en plus fréquente chez les jeunes enfants. Présentation et implications.
Qu’est-ce que l’écriture en miroir ?
Également appelée « écriture spéculaire », l’écriture en miroir est un phénomène universel, observé dans toutes les cultures et tous les types de graphisme, même dans l’apprentissage des caractères japonais ou chinois. Par exemple, cette inversion graphique latérale des lettres fait ressembler le « E » à un « 3 », mais le « J » et le « Z » sont aussi fréquemment inversées en français.
Révélée aux alentours de 4 à 5 ans, l’écriture en miroir fait l’objet de nombreux jugements et préjugés du fait de sa résurgence actuelle : la plus connue étant qu’elle soit liée à l’usage intensif des tablettes numériques… Or, cette écriture est entrée dans la littérature scientifique avec le neurologue allemand Alfred Buchwald, en 1878, soit il y a près de 150 ans !
D’où vient l’écriture en miroir ?
Ses origines ont fait l’objet de nombreuses théories, souvent fausses, à l’image de sa relation avec les gauchers. Aujourd’hui, on éclaire ce processus d’une explication à deux niveaux :
- Le niveau cérébral
En 1925, la théorie d’Orton expliquait qu’un hémisphère du cerveau (souvent le gauche) représentait correctement les lettres alors que l’autre (le droit) les représentait en miroir. Mais l’approche Della Sala et Cubelli en 2007 a bouleversé cette idée en mettant en avant une apraxie directionnelle : les enfants disposent d’un programme moteur, pour former les lettres et les chiffres, mais n’ont pas la direction – gauche ou droite.
- Le niveau comportemental
L’écriture en miroir s’explique par l’orientation donnée par les enfants à l’écriture. Dans notre culture, ils les orientent vers la droite, les conduisant à inverser les lettres en majuscule et les chiffres orientés vers la gauche, à l’image du « J », du « Z », du « 1 », du « 2 », du « 3 », ou encore du « 7 » ou du « 9 ». Lorsque des contraintes spatiales les obligent à écrire de droite à gauche, les lettres et chiffres les plus touchés seront le « E » et le « C » puisque ces caractères sont plus orientés vers la droite…
Comment réagir face à l’écriture en miroir de votre enfant ?
Si le phénomène de l’écriture en miroir est de plus en plus fréquent, cela s’explique aisément, selon le pédopsychiatre Stéphane Clerget : « De la même façon qu’on incite les enfants à la précocité, à l’autonomie, à la stimulation, on apprend aux enfants à écrire de plus en plus tôt et de fait, de plus en plus d’enfants sont exposés à cette écriture en miroir. »[1]
Si vous observez ce phénomène chez un enfant de moins de 6 ans, attendez quelques années pour savoir si ce petit défaut se gomme naturellement ou s’il s’installe. Vers 7-8 ans, il peut être intéressant de consulter un orthophoniste, qui pourra, le cas échéant, vous orienter vers un graphothérapeute pour corriger ce trouble.
À noter que l’écriture en miroir n’est pas absolument pas corrélée à un quelconque trouble des apprentissages – que ce soit la dysgraphie, la dysorthographie ou la dyslexie.
[1] Citation : https://www.tf1info.fr/education/psychologie-ecriture-en-miroir-speculaire-pourquoi-certains-enfants-inversent-ils-les-lettres-2132424.html