Au-delà des 5 sens classiques (ouïe, odorat, toucher, vue, goût), la proprioception pourrait s’apparenter à un 6e : il s’agit de notre capacité à nous percevoir nous-mêmes sans faire appel à la vision. Or, pour certains professionnels, une dysfonction de ce sens aurait un impact sur les apprentissages. Si, pour le monde médical, l’hypothèse dominante de l’origine des troubles DYS est neurologique, l’origine proprioceptive interroge…
La proprioception et les apprentissages
La proprioception est la perception, consciente ou non, de la position des différentes parties du corps sans l’aide de la vue. Elle s’appuie sur des millions de capteurs sensoriels situés dans nos muscles, dans la peau, les tendons, les ligaments et les articulations, pour adresser des signaux au cerveau et concevoir ce « schéma corporel ».
In-utéro, le cerveau du fœtus prend déjà le contrôle de mouvements d’extension et d’enroulement. En bougeant, l’enfant apprend progressivement à se représenter, d’abord grossièrement (vers 3 ans) puis complètement (vers 11-12 ans). Après, il se « met à jour », évoluant au gré de la croissance, des changements de poids, des blessures, etc.
Les habitudes motrices se construisent sur des mouvements automatiques, proprioceptifs. Une bonne proprioception est indispensable pour maintenir nos postures, être coordonné(e), écrire lisiblement, marcher en ligne droite, danser en rythme, jouer d’un instrument de musique, etc.
Pour le professeur JP Roll du CNRS, ce 6e sens est « le sens premier, celui qui donne du sens aux autres sens ». En connexion constante avec eux, il influence leur travail et donne au cerveau l’indication de leur place dans le corps.
Les troubles cognitifs associés à la dysproprioception
Tout dysfonctionnement de la proprioception entraîne des problèmes posturaux : l’enfant pense se tenir droit, alors qu’il est de travers. Il entraîne aussi des troubles de la localisation spatiale, à l’origine de maladresses, de difficultés à attraper des objets, du mal des transports, d’inconfort dans la foule, etc.
Mais la dysproprioception créerait aussi des anomalies perceptives : les informations des 5 sens ne sont plus organisées de façon synchrone, génèrent un état de vigilance constant. Avec un cerveau soumis à des données sensorielles difficiles à traiter, l’enfant va inconsciemment en éliminer, même si elles s’avèrent utiles.
Or, les informations auditives et visuelles ainsi occultées pourraient expliquer des troubles des apprentissages : par exemple, ces « zones aveugles » vont gêner un élève dans l’apprentissage de la lecture, ne pouvant deviner un mot dont il ne voit qu’une partie (dyslexie, dysorthographie) ; un mauvais contrôle de la motricité fine et une mauvaise localisation de la main et des doigts, ainsi que du tracé, vont gêner un élève, dans l’apprentissage de l’écriture (dysgraphie)…
N’hésitez pas à discuter de la relation entre la dysproprioception et les troubles de l’apprentissage avec les spécialistes de la plateforme Ora Visio : peut-être qu’un traitement proprioceptif pourrait aider votre enfant, parallèlement aux rééducations plus classiques portées par l’orthophonie, l’ergothérapie ou encore la psychologie…