L’écriture dactylographiée prend progressivement le pas sur l’écriture manuscrite : un phénomène qui entraîne une modification de l’utilisation de nos capacités cérébrales. Ces différences neurologiques et motrices affectent l’apprentissage de la lecture et des connaissances, ainsi que le développement du langage chez les enfants…
La gestuelle de l’écriture manuscrite et dactylographiée
Avec l’écriture dactylographiée, les deux mains sont sollicitées, alors qu’avec l’écriture manuscrite, le stylo n’est tenu que par une seule. « D’un côté, on a un processus qui ne fait travailler que la main dominante, généralement la main droite, qui est gérée par l’hémisphère cérébral gauche — le même qui gère le langage chez la majorité des gens. De l’autre côté, l’écriture au clavier demande une coordination des deux mains, et implique d’envoyer des informations à l’hémisphère droit pour piloter la main gauche. Ici, il y a donc un partage de l’écriture entre les deux hémisphères du cerveau » explique Jean-Luc Velay, chercheur en neurosciences cognitives au CNRS[1].
Si cette différence semble avoir un faible impact chez les adultes, ce n’est pas le cas chez les enfants en plein apprentissage de l’écriture et de la lecture…
Écrire pour mieux mémoriser
« Les enfants qui tracent les lettres et qui apprennent le tracé des lettres en cursive mémorisent mieux la forme des lettres et comprennent mieux aussi l’ordre des lettres de la gauche vers la droite, dans un ordre reproductible », précise Stanislas Dehaene, titulaire de la chaire de psychologie cognitive expérimentale au Collège de France.[2]
Les lettres écrites à la main sont plus vite et mieux reconnues, que lorsqu’il s’agit d’appuyer sur une touche pour les former à l’écran : ici, la mémoire motrice soutient la mémoire visuelle. Chez les enfants qui ont une faible mémoire visuelle, la mémoire motrice revêt une plus grande importance.
Enfin, la mémorisation est directement corrélée à l’effort déployé pour acquérir l’information. Quand le cerveau a mis beaucoup d’attention sur une tâche, comme celle d’écrire au stylo, il a tendance à mieux la mémoriser.
Écrire pour mieux lire…
« La recherche a montré qu’apprendre à écrire, en même temps qu’on apprend à lire, permet d’apprendre à lire plus rapidement » souligne, Stanislas Dehaene2. Or, l’écriture manuscrite assure une meilleure compréhension de l’image-mot, car celui-ci est considéré comme un ensemble de lettres connectées. À l’écran, les mots apparaissent avec de légers espaces entre chaque lettre.
Le geste répété va aussi permettre au cerveau de mieux appréhender les lettres « miroirs », comme le « b » et le « d » ou encore le « p » ou le « q ». Cela favorise le déchiffrage et la reconnaissance des caractères.
Si l’arrivée d’un ordinateur à l’école vient souvent soutenir les efforts des enfants DYS pendant leur scolarisation, il faut veiller à ce qu’ils continuent à s’exercer à l’écriture manuscrite dans un contexte plus serein, afin d’en conserver les fonctions motrices et neurologiques. N’hésitez pas à en parler avec un de nos professionnels sur la plateforme Ora-Visio, spécialisés dans l’accompagnement des différents troubles de l’apprentissage (dyslexie, dysgraphie, dyscalculie…).
[1] Citation : https://www.radiofrance.fr/franceculture/ecrire-a-la-main-un-geste-du-passe-8602716
[2] Citation : https://www.mutuelle403.fr/ecrire-a-la-main-ou-avec-un-clavier-quelles-consequences-sur-notre-cerveau/