À l’image du Trouble Déficitaire de l’Attention avec ou sans Hyperactivité (TDAH), les filles et femmes autistes sont sous-diagnostiquées. Plus aptes à dissimuler leurs difficultés sociales, elles passeraient ainsi plus facilement sous les radars. Sans compter la construction des Troubles du Spectre de l’Autisme (TSA) comme un trouble masculin… Explications.
Des signes d’autisme moins évidents chez les femmes
Il est couramment observé que les personnes autistes, hommes ou femmes, reproduisent les codes sociaux des autres pour mieux s’intégrer. Mais une récente étude publiée dans la revue « Autism » a révélé que les femmes autistes étaient plus susceptibles de camoufler leurs difficultés sociales que les hommes autistes.
« Sous sa forme la plus complexe, le [camouflage social] implique l’adoption d’un personnage. Chez les femmes en particulier, cela peut se traduire par l’observation d’autres femmes qui semblent populaires, et la copie de leur gestuelle ou de leurs vêtements », a ainsi précisé le Dr Will Mandy, coauteur de l’étude[1].
« Nous constatons que les traits autistiques de beaucoup de filles ne sont pas repérés ou reconnus de la même façon que le sont les traits autistiques des garçons à l’école. Et cela est dû au fait que l’on utilise le même moule pour diagnostiquer garçons et filles, alors que souvent, leur autisme ne repose pas sur les mêmes critères », a déploré Hannah Hayward, chercheuse dans le domaine de l’autisme chez les femmes, au sein du King’s College de Londres.1
Les écueils de la médecine genrée
Selon la CIM 10 (Classification Internationale des Maladies de l’OMS), le sex-ratio montre que 3 à 4 hommes autistes sont diagnostiqués pour une femme. Mais « il est important de se rappeler que les taux de prévalence et de diagnostic sont deux choses différentes » souligne Muriel, Maîtresse de conférences spécialiste de l’histoire des femmes, du genre et de la médecine à l’Université Lyon 1[2].
Sur le plan clinique, le fonctionnement et la symptomatologie de l’autisme est identique quel que soit le sexe de l’individu. « En revanche, cela peut se manifester différemment chez les femmes et les hommes notamment à cause du conditionnement social, de l’identité unique de chacun.e et du stade de vie », précise Magali, cofondatrice de l’association Personnes Autistes pour une Autodétermination Responsable et Innovante2.
Or, dans l’histoire de la médecine, il faut savoir que les TSA ont été construits comme un trouble masculin : les premières études à son sujet, en 1943-1944, concernaient presque exclusivement des garçons. Il faut attendre les années 2000 pour voir apparaître les travaux sur les femmes autistes.
Ces études invitent les médecins à être plus attentifs et à mieux diagnostiquer l’autisme féminin, idéalement le plus tôt possible. En cas de doute, les parents sont encouragés à prendre rendez-vous et obtenir la conduite d’un premier bilan chez un orthophoniste, qui sera ensuite complété par d’autres spécialistes (psychologues, neuropédiatres, etc.).
[1] Citations : https://www.santemagazine.fr/actualites/actualites-sante/autisme-pourquoi-les-femmes-sont-sous-diagnostiquees-426931
[2] Citations : https://centre-imind.fr/femmes-autistes/