C’est pourtant écrit noir sur blanc. L’emballage indique “ Poule lavande pour le pain.” Vous êtes sceptique ? Non, vous êtes dysorthographique. Il est écrit ” Boule lavante pour le bain”. Voici ce que liraient 80% des enfants atteints de trouble DYS. Qu’est-ce que la dysorthographie ? Comment repérer ses symptômes ? Comment aider un enfant dysorthographique ?
Pour une définition de la dysorthographie
La dysorthographie est un trouble d’apprentissage durable caractérisé par la difficulté à assimiler et respecter l’orthographe des mots. Ce déficit cognitif se traduit par l’incapacité à recopier un texte, accorder en genre et en nombres, construire des phrases correctes ou encore conjuguer.
Les différentes causes de la dysorthographie
L’origine peut être neurologique et héréditaire. Elle est également favorisée par des facteurs médicaux (prématurité), psychologiques, génétiques (problème du système cérébral), hormonaux ou encore environnementaux (milieu défavorisé). Les enfants touchés ont des compétences linguistiques et phonologiques déficientes et souffrent d’un dysfonctionnement visuo-temporel. Concrètement, ils peinent à percevoir les informations rapides, saccadées et les contrastées.
Quels sont les symptômes de l’enfant dysorthographique ?
Détecter les signes du trouble
Si elle ne peut pas être évitée, la dysorthographie peut en revanche être dépistée précocement et être traitée avec d’autant plus d’efficacité. Dès les premiers apprentissages de la lecture et de l’écriture, certains signes peuvent donner l’alarme. Notamment pendant l’approche des lettres et de l’orthographe en primaire et au collège :
- Choisir la mauvaise lettre ou groupe de lettres pour identifier un son.
- Confondre certaines lettres comme « le F et le V », « le P et le B », « le T et le D ».
- Ajouter, déplacer ou oublier une lettre dans un mot comme « live » pour « livre » ou « cratabe » pour « cartable ».
- Lier plusieurs mots ensemble ou les scinder à tort comme « cétadire » pour « c’est à dire ».
- Ne pas respecter les règles d’orthographe.
- Confondre les homonymes comme « pain » et « pin ».
- Oublier les stratégies de correction orthographique comme remplacer un verbe par « faire » pour savoir s’il faut l’écrire à l’infinitif ou pas.
- Avoir des difficultés à prendre des notes et à les relire.
Poser un diagnostic
Seul un bilan orthophonique complet permet de diagnostiquer une dysorthographie. Au cours de ce bilan, l’orthophoniste teste le potentiel intellectuel, la mémoire et l’attention afin d’évaluer la gravité du trouble. Il s’assure ainsi que l’enfant ne souffre pas de déficience intellectuelle, de troubles de l’attention, de difficultés de compréhension ou de problèmes moteurs.
En effectuant ces tests, l’orthophoniste dispose de tous les éléments nécessaires pour déceler d’autres troubles tels que la dyslexie par exemple, à laquelle la dysorthographie est souvent associée, mais aussi la dyscalculie ou le syndrome dysexécutif. Un bilan neuropsychologique peut aussi être préconisé afin de correctement cibler les difficultés de l’enfant et élaborer le traitement le plus adapté. En effet la stratégie de rééducation est propre à chaque enfant atteint de dysorthographie et permet de choisir aussi les adaptations de l’école (temps supplémentaires pour écrire, droit à des aides mémoires pour les règles d’orthographe…).
Aider mon enfant atteint de dysorthographie
Le traitement du trouble
Oui, le trouble va perdurer toute la vie, mais la rééducation est essentielle à l’évolution de l’enfant. Elle va lui permettre de comprendre son déficit et de faire face à ses difficultés pour les pallier et s’épanouir harmonieusement. Une fois le diagnostic de dysorthographie posé, un suivi orthophonique individuel est prescrit. Les séances d’orthophonie abordent l’assimilation des lettres et des sons, les règles d’orthographe, la visualisation et la mémorisation de l’orthographe des mots. Pour y parvenir, des moyens mnémotechniques et visuels sont proposés à l’enfant. Il arrive souvent que des séances avec un ergothérapeute soit également prescrites pour compléter la rééducation. Parfois, ce suivi est perturbé par un manque de praticiens à proximité du domicile de l’enfant. Certaines villes et régions de France sont de véritables déserts médicaux et les listes d’attente pour obtenir un rendez-vous avec un orthophoniste s’étendent sur des mois. Les familles françaises expatriées à l’étranger sont aussi touchées par l’absence d’orthophoniste français dans leur pays d’accueil. La rééducation exige souvent plusieurs séances par semaine. C’est un rythme parfois difficile à tenir pour les familles avec un emploi du temps chargé. Pour répondre à tous ces cas de figure, la plateforme ORA a réuni des orthophonistes qualifiés et spécialisés dans les troubles de dysorthographie et autres troubles DYS. Elle propose des consultations en ligne. Avec une qualité égale aux séances en cabinet, mais accessible partout dans le monde, ces séances d’orthophonie en ligne permettent une rééducation rigoureuse et peu contraignante.
Le soutien au quotidien
Les parents ont-ils un rôle à jouer dans ce suivi orthophonique ? Absolument. À la maison aussi ils peuvent prendre part à la rééducation de leur enfant dysorthographique. Tout commence avec la lecture. Lui donner le goût de lire en sélectionnant des sujets qui le passionnent. Outre les excellents jeux de pendu ou de Scrabble, il peut lire et concocter une recette, lire et expérimenter une expérience scientifique, se lancer dans le karaoké… La lecture peut être complète ou partagée avec le parent en identifiant les mots difficiles afin qu’ils soient associés à ce moment agréable. L’important, c’est que l’enfant soit exposé le plus possible à cet apprentissage sans en faire une contrainte. Il fait déjà beaucoup plus d’efforts que les autres enfants.
« Bien souvent il travaille plus que les autres pour arriver à un piètre résultat. Cet enfant se sent inférieur, voire bête et il ressent durement les moindres remarques. Il se sent agressé et non reconnu quand il lit l’appréciation « leçon pas apprise » alors qu’il y a passé deux heures. Un travail supplémentaire pour l’aider à rattraper le niveau est inutile. Il est plus judicieux de lui en donner moins ! »
Sylvie Mével, orthophoniste
Estime de soi et réussite professionnelle avec un trouble de dysorthographie
Travailler sur la confiance en soi
Parce que souffrir de dysorthographie est délétère pour l’estime de soi, il faut apporter une attention toute particulière à reconstruire une bonne image de lui-même à cet enfant. A l’école ou dans son quotidien, malgré sa motivation et sa volonté, l’élève dysorthographique se rend compte qu’il n’y arrive pas. Les efforts colossaux ne sont même pas récompensés par de bons résultats. Il subit des échecs là où ses camarades réussissent. Au fil du temps, sa confiance en lui s’effondre. Les petites remarques telles que « Je viens de te l’expliquer ! fais un effort. », « C’est pas possible tu le fais exprès ! » sont déstabilisantes. Elles altèrent même son rapport aux autres, parfois jusqu’à l’isolement.
Il est urgent de sortir l’enfant de cette situation. La première étape passe par l’explication et l’identification claire de ses difficultés, et lui montrer que toutes ses autres capacités fonctionnent parfaitement. Lorsque tout sera clair pour lui, il pourra se mettre au défi de les combattre avec une rééducation. Pour l’aider à retrouver sa confiance en lui, les parents et professeurs doivent mettre en avant, publiquement, chaque réussite de l’enfant. Lorsque les parents ont identifié les forces de l’enfant (chant, danse, musique, escalade, course, vélo, dessin, modelage, humour…) ils ont un formidable levier d’estime de soi. En classe, le professeur doit pointer clairement et régulièrement les habiletés supérieures de l’enfant, pour contrebalancer le poids de ses difficultés. Si malgré tout l’anxiété de l’enfant perdure, quelques séances avec un psychologue pour enfant, en ligne ou en cabinet, seront bénéfiques. Le psychologue travaillera sur les questions de confiance en soi afin que l’enfant dysorthographique ne se renferme pas sur lui-même.
Quel avenir professionnel pour mon enfant atteint de dysorthographie ?
Le cerveau est l’organe le plus malléable du corps humain et continue d’évoluer même à l’âge adulte. Dès lors que l’enfant a conscience de ses faiblesses, il va créer des voies de contournement. Plus tôt le diagnostic sera posé, et plus il sera facile pour lui de s’adapter, se construire et laisser naître des ambitions. En tant que parent il est important de préserver ses rêves, s’intéresser au métier qu’il voudra faire quand il sera grand et l’encourager quelle que soit son choix. Nul besoin d’être plus pessimiste avec un enfant DYS qu’avec un autre enfant sur ses chances de réussite. Si les concours et examens ne sont pas envisageables pour eux, l’auto-entreprenariat est une excellente solution et source d’une plus grande satisfaction. Et si le comble d’un écrivain c’est bien la dysorthographie, rappelons que John Irving souffrait d’une dyslexie très importante et de dysorthographie sans que cela ne l’empêche de devenir un excellent auteur !